Histoire de Lleida
Les origines de la ville de Lleida nous ramènent 2.500 ans en arrière, plus précisément au milieu du VIe siècle av. J.-C. C’est de cette époque que date l’installation dans la région d’un peuple ibère, les Ilergètes, qui fondèrent un village fortifié sur la colline dite de la Roca Sobirana (une des trois terrasses de la vieille ville). Ce premier foyer de civilisation, qui s’appelait Iltirda ou Iltirta, se transformera, au fil des siècles, en l’actuelle Lleida.
Les Ilergètes vivaient à Lleida de l’agriculture et de l’élevage, de manière plus ou moins pacifique jusqu’à l’arrivée d’envahisseurs venus d’ailleurs. Les premiers furent les Carthaginois, suivis des Romains. Ces deux peuples durent faire face à la résistance des Ilergètes, qui luttèrent pour leur indépendance, menés notamment par Indíbil et Mandoni, les deux plus célèbres chefs ilergètes. La soumission à Rome marqua le début d’une période de romanisation des Ilergètes et, aux environs de 250 apr. J.-C., Iltirta était devenue Ilerda.
À la chute de l’Empire romain, la ville tomba aux mains des Wisigoths, qui la rebaptisèrent Lerita. Les Arabes s’en emparèrent à leur tour entre 716 et 719, et y demeurèrent quatre siècles, jusqu’à ce que la ville, alors connue sous le nom de Larida, passe sous l’autorité des comtés catalans, lors de sa reconquête par le comte Raymond Bérenger IV, en octobre 1149. Lleida se vit accorder une charte de repeuplement dès l’année suivante, et de nombreuses personnes originaires du canton pyrénéen du Pallars s’y installèrent alors. Un demi-siècle plus tard, en 1203, la ville entreprit d’édifier l’une de ses deux cathédrales: la Seu Vella, monument emblématique, dont la construction ne s’achèvera qu’en 1431.
Au Bas Moyen Âge, la ville hébergea le seul établissement d’enseignement supérieur de toute la Couronne d’Aragon jusqu’au XVe siècle: l’Estudi General (université de Lleida), fondé le 1300 par le roi Jacques II. Autre fait marquant de l’époque médiévale, en 1382, l’autorité municipale s’installa dans l’ancien palais des seigneurs de Sanaüja. Ce palais, qui prit alors le nom de Palau de la Paeria, est aujourd’hui encore l’Hôtel de ville. C’est également à la fin de cette période que fut construit l’Hôpital Santa Maria, l’un des plus remarquables édifices de la ville, qui abrite depuis 1942 l’Institut d’Études de Lleida (IEI).
L’entrée dans l’ère moderne fut, dans l’ensemble, une époque de récession pour la ville. Au cours de cette période marquée par les maladies et les guerres, comme le soulèvement des “Segadors“ (guerre des faucheurs, 1640-1652), Lleida perdit également son autonomie à la suite de la promulgation en 1714 du décret de “Nueva Planta” (Refondation) par Philippe V, qui déposséda la ville de son université, de son autorité municipale et de son monument phare, la Seu Vella, fermée au culte et reconvertie en caserne.
La ville reprendra pourtant des couleurs à la fin du XVIIIe siècle. C’est l’époque des premiers aménagements urbains, menés sous la houlette de personnages comme le Marquis de Blondel et le Baron de Maials, qui donneront à Lleida une physionomie en rapport avec son rang de capitale de province. Le siècle des Lumières verra également la construction, sous le règne de Charles III, de la seconde cathédrale de Lleida: la nouvelle cathédrale.
De nouveau en proie aux ravages de la guerre, causés cette fois-ci par l’invasion napoléonienne, la ville traversera une nouvelle période de récession au XIXe siècle. Cependant, la seconde moitié du siècle sera placée sous le signe d’un renouveau tous azimuts. L’arrivée du chemin de fer (1860), l’ouverture des jardins des Camps Elisis (1864) et l’élaboration du premier plan d’aménagement urbain moderne de la ville, mis en œuvre par l’architecte Josep Fontseré, contribueront, entre autres exemples, à améliorer les conditions de vie des habitants de Lleida.
Au début du XXe siècle, Lleida sera associée à la “Mancomunitat de Catalunya” (Union des peuples catalans). La ville sera témoin des différents événements historiques de la première moitié du siècle jusqu’à l’avènement de la guerre civile espagnole (1936-1939), à l’issue de laquelle Lleida, en ruines et ne comptant plus que 40 000 habitants, devra faire face à un important effort de reconstruction.
Les années difficiles de l’après-guerre déboucheront sur une époque de croissance urbaine, commerciale et démographique.
Aujourd’hui, Lleida est une ville moderne, bien desservie, qui compte environ 140.000 habitants après avoir connu une forte croissance urbaine et démographique au cours des dernières décennies. L’expansion de la ville, sur les deux rives du Sègre, a donné naissance à divers quartiers, reliés au centre-ville par l’intermédiaire de beaucoup de ponts: le Pont Vell (vieux pont), le Pont Nou (pont neuf), le Pont de l’Universitat (pont de l’université), le Pont de Pardinyes et celui de Príncep de Viana; et, aussi, les passerelles du Liceu Escolar, de l’Avinguda del Segre et celle de Maristes.
Le début du XXIe siècle s’est traduit par une forte poussée urbaine et par la mise en service d’une grande diversité d’équipements. Signalons, sur le plan culturel: La Llotja, le Théâtre-Palais des Congrès de Lleida; le Musée diocésain et cantonal de Lleida, et les châteaux de La Suda et Gardeny. Ces nouveaux espaces viennent ainsi renforcer les équipements culturels existants, comme le Musée de l’automobile, le Centre d’art La Panera, le Musée Morera, le Musée de l’eau ou encore l’Académie mariale.
Ces nouveaux chantiers viendront enrichir l’offre culturelle de la ville et renforcer son potentiel, faisant ainsi de Lleida une destination incontournable pour les amoureux de l’art et de la culture, de l’histoire et du savoir… Une étape obligée pour tous ceux qui veulent découvrir une ville où les héritages ibère, romain, wisigoth, arabe et chrétien se conjuguent aux tendances les plus modernes, novatrices et avant-gardistes du moment.